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Photo du rédacteurAmandine Lefrançois

Ne pas se laisser faire, oui mais comment ?

>>> Partage d'anecdote qui fait grandir…

A la suite d'un atelier "différence et harcèlement" pour des élèves de CM2, j'étais en train de ranger mon matériel, lorsqu'une élève (que nous appellerons dans ce témoignage, "Louise") est venue me trouver avec l'accord de sa maîtresse.


Louise me confie qu'une autre élève de sa classe l'embête depuis peu. Elle s'amuse à la plaquer contre un coin de la cour de récréation pour l'intimider devant ses copines, en s'assurant bien de ne pas être visible des adultes. Louise m'explique aussi qu'elle refuse "CATEGORIQUEMENT" d'en parler à ses parents, ni à sa maîtresse, car elle a peur des conséquences de leurs interventions.


" Si les grands me défendent, je vais passer pour une faible, une chochotte et je ne veux pas. Toi tu peux comprendre ça."

Louise n'arrive pas à lui dire "STOP" car elle ne sait pas comment faire. C'est pour cette raison que en entendant mon histoire, elle s'est dit " toi tu es passée par là, tu dois avoir des conseils à me donner ? "


Dans un premier temps, je l'ai écouté sans rien faire d'autre, ce qui m'a permis d'entendre sa demande et de la reformuler pour être certaine de l'avoir comprise : obtenir des conseils pour réussir à se défendre toute seule, sans l'aide des adultes.


Dans un second temps, je l'ai remercié pour sa confiance. Puis, je lui ai dit que j'avais besoin de réfléchir pour lui répondre au mieux et je lui ai proposé de nous revoir le lendemain matin (j'étais en interventions plusieurs jours dans son école, ce qui m'a permis cette proposition).


C'est important à mon sens d'expliquer aux enfants que parfois nous n'avons pas de réponse à l'instant " T ", mais que nous faisons le nécessaire pour y répondre. La prise de recul est souvent bénéfique.


C'est ainsi que nous avons pu rediscuter dès le lendemain. J'ai été transparente avec Louise sur le fait que je devais parler à sa maîtresse, pour la protéger. Cependant, j'ai bien entendu l'importance pour elle de réussir à se défendre seule. Donc voilà ma proposition :


- Se réunir toutes les trois avec sa maîtresse afin d'exposer la situation, en expliquant son importance de ne pas solliciter (pour le moment) l'intervention des adultes. Puis dans un second temps, lui faire des propositions d'outils et astuces pour se défendre seule.


Louise a accepté.

Nous nous sommes réunies comme prévu. La maîtresse de Louise a entendu sa demande, l'a respectée et l'a soutenue :


"C'est tout à ton honneur, Louise, de vouloir apprendre à gérer cette situation par toi-même et cela te fera gagner en confiance en toi. Egalement, tu peux compter sur moi pour intervenir dès que tu en auras besoin. Je peux aussi proposer un rendez-vous à tes parents pour en parler ensemble."


Ensuite, j'ai proposé à Louise des outils et astuces pour se défendre en utilisant le pouvoir des mots et le langage non verbal, sans jamais avoir recours à la violence. Louise a été attentive est a retenu une proposition qui lui semblait pertinente, radicale, mais un peu " flippante ! "


Et plus tard, lorsque l'autre élève s'est approchée de Louise pour l'intimider, toujours sous les regards amusés de ses copines suiveuses, Louise a pris son courage à deux mains pour lui dire ceci :


- " Sais-tu ce qui se dit sur toi ? "


- " Nan ! " répond l'autre élève.


- " Que tu es amoureuse de moi parce que tu n'arrêtes pas de me coller ! C'est vrai ça ? "


L'autre élève aurait rougi devant ses copines suiveuses ne sachant plus ou se mettre. Louise est ainsi parvenue à se débarrasser de son emprise qui aurait pu se transformer en "harcèlement", si elle n'avait pas trouvé un moyen stratégique pour l'arrêter.


Bravo à Louise pour son courage et sa confiance…


Merci à sa maîtresse pour sa collaboration, sa bienveillance et les nouvelles données en cette fin d'année. En effet, "Louise ne se fait plus embêter par l'autre élève, et j'ai observé le renforcement de sa confiance en elle d'un point de vue général." Sa maîtresse raconte qu'elle a ensuite proposé de rencontrer ses parents pour partager cette situation. Il en ressort beaucoup de fierté de leurs part et aussi pour Louise qui a vu son choix respecté de ne pas faire intervenir les "grands". De cette façon, Louise sait qu'elle peut compter sur les adultes. Et si un jour une situation lui échappe, elle n'hésitera pas à se tourner à nouveau vers l'adulte.


De mon côté cette expérience, m'a beaucoup touchée d'un point de vue personnel. Mais aussi professionnellement, car elle m'a amené à remettre en question le contenu de l'atelier en vue d'intégrer des "conseils et astuces" pour se défendre seul. Car oui, c'est une réalité, l'adulte ne répond pas toujours présent, ou des enfants, comme Louise, ne veulent pas solliciter leur aide pour " x " raison.


Parce que nous sommes tous différents, il existe donc une multitude de façons d'agir. J'ai à cœur dans ma pratique professionnelle, de m'adapter à chacun, ce pour quoi cette situation m'a amenée à repenser l'atelier. D'autant plus que enfant, j'aurais tant aimé bénéficier de pistes pour empêcher à cet harcèlement de commencer… Merci donc à Louise pour le remaniement de cet atelier.


>>> Amandine











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